Microcosme et Macrocosme

 

Microprosope et Macroprospe, d'Eliphas Lévi

Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et inversement.

La magie, quelle qu'elle soit, se fonde sur des analogies et des correspondances.

Qu'est-ce que cela signifie ? Cela veut simplement dire que toutes les forces et les existences présentes dans le macrocosme (le Grand Monde ou le monde qui nous entoure) sont comme les forces et les êtres qui existent en nous (le microcosme ou le Petit Monde).

Eliphas Lévi, dans son Dogme de haute-magie, explique que le mage ne peut dominer l'esprit d'un élément s'il n'a pas dominé cet élément en lui. C'est un des secrets de la magie.

Nous abordons ici un des rôles primordiaux de la magie : la formation et la maîtrise du microcosme, c'est-à-dire de nous-mêmes. Une fois cette relative maîtrise obtenue, alors seulement la maîtrise sur le macrocosme se fera comme pour le microcosme.

Comment appeler l'esprit du feu lors d'un rituel, quand vous ne parvenez pas à réveiller cette force en vous ? Comment chercher à influencer un esprit impétueux, brûlant de passion, prompt à la colère, quand le mage est incapable de maîtriser cet esprit en lui, cet esprit colérique, passionné qu'il a en lui ?

 

Généralement les étudiants en ésotérisme ont entendu cet axiome ; mais peu en comprennent vraiment la portée. On peut se demander si la maxime le microcosme est à l’image du Macrocosme est une règle, une voie qui guide tous les ésotéristes à la même destination du voyage. Posons-nous, pour commencer, la question de savoir si tous les ésotéristes a une même vision du macrocosme. C’est-à-dire si tous ont une même vision de l’Univers, de son mécanisme, de sa Genèse, des forces visibles et invisibles qui le mettent en action constamment. Est-ce qu’un chrétien et un bouddhiste ont la même vision du macrocosme ? Non, cela paraît évident à celui qui connaît ces deux visions du macrocosme. Pour le bouddhiste, ce monde est un agrégat issu des cinq éléments, dans lequel plonge la conscience pour se revêtir d’un corps instable, impermanent. Pour le chrétien, ce monde est une création divine, en dehors de Dieu, dans lequel l’homme a été placé. L’homme est considéré comme supérieur à la Nature, celle-ci est là à sa disposition. Voilà, en très gros, les deux visions. Bien entendu les individus sont beaucoup plus nuancés que ces deux visions.


En partant de ces deux conceptions du macrocosme, il est clair que la maxime le microcosme est à l’image du macrocosme sera interprété différemment. Pour le bouddhiste, il verra que son corps est un agrégat issu des cinq éléments, et que seule sa conscience est éternelle et immuable aux changements de la destruction et de la création. Pour le chrétien, son corps forme un ensemble de forces (instinct, émotion, etc.) qu’il devra apprendre à maitriser, qu’il devra dompter comme l’homme doit maitriser la nature mise à sa disposition. Pour le bouddhiste, son corps illusoire dans le sens qu’il est temporaire et pour le chrétien, il est un élément à maîtriser.

Nous voyons que l’axiome de l’analogie entre le microcosme et le macrocosme, même si elle peut être appliquée par tout le monde, elle ne donnera pas nécessairement les mêmes résultats. On peut retrouver ainsi différents ouvrages et auteurs, qui pourront faire mention de la même idée, mais sans pour cela voir une même chose.

Pour ma part, cette analogie du microcosme et du Macrosome, est prise ainsi : l’humain est un élément de ce monde comme les animaux, les végétaux, les minéraux, les énergies, etc. Comme il fait partie à part entière de cet Univers, il est soumis aux mêmes règles, aux mêmes comportements. Je ne pense pas que le monde doit être maitrisé, donc ne considère pas que je dois maitriser les forces en moi, les contraindre selon mon vouloir. Je ne vois pas non plus mon corps comme illusoire, comme les bouddhistes. La pluie tombe quand elle doit tomber, la foudre frappe quand elle frappe, quel contrôle ou maîtrise y a-t-il en cela ? Cela se réalise quand il doit se produire, il y a un ordre aux choses de la Nature. Il y a un ordre aux choses du macrocosme, il y a un ordre aux choses du microcosme.

Je vois l’homme comme tout être vivant dans ce monde : un être vivant qui a des besoins, des émotions et des pulsions qui le poussent à agir. Si nous appliquons l’idée que nous devons voir le microcosme comme le macrocosme et inversement, alors l’humain n’est ni meilleur ni pire que le monde, et l’inverse également, le monde n’est pas meilleur ou pire que l’homme. Ce qu’il y a de bon en l’homme existe dans le macrocosme, ce qu’il y a de bon dans le macrocosme existe en l’homme, ce qu’il y a de mauvais en l’homme, existe dans le macrocosme également et le pire du macrocosme se retrouve dans l’humain.

Le microcosme est le miroir du macrocosme. Toute autre considération n’est que de la morale, issue du mental humain. La morale ne semble pas exister dans le macrocosme, c’est une construction mentale pour mieux vivre en communauté. Est-ce qu’un volcan qui entre en éruption et détruit des habitations, est-il mauvais, est-ce qu’il veut nuire ? Un animal qui chasse pour sa survie où se protéger est dans l’ordre des choses. Mais pour les humains, il n’en est pas de même. Pourquoi ? Parce que la morale entre en scène. Nous vivons avec des règles qui ne suivent pas l’ordre naturel des choses, mais des règles humaines, provenant de la réflexion.