Les Nombres dans l'ésotérisme

La Trinité ou ternaire

 

Le lien entre l'ésotérisme et les nombres est très ancien. Pour Pythagore, grand philosophe qui vécut à la même période que le Bouddha et Lao-Tseu (aux environs du 5ème siècle avant J-C), les principes du monde se trouvent dans les nombres. Les nombres sont des symboles exprimant des idées. De cette philosophie des nombres est née l'école des mathématiciens, qui étudiait la partie ésotérique de l'enseignement de Pythagore. Les pythagoriciens considéraient le nombre comme un esprit, un principe régissant l'univers ou un être vivant agissant dans le plan des Idées.
Dans cet article, ce n'est pas l'aspect quantitatif du nombre qui est regardé mais bien son aspect qualitatif, c'est-à-dire sa signification ou l’idée qu’il représente. La forme du nombre peut être considérée comme un vêtement, ou un corps qui entoure l’esprit ou l’idée du nombre.
Alors, que nous enseigne ces Idées-nombre . Que peuvent-elles nous révéler, que ne ferait pas son corps (la forme du nombre) ? Commençons par le premier nombre, 1.

 

1

Un est le premier chiffre, le point de départ de tous les autres nombres. 2 n’est qu’un doublement du 1, 10 est une addition du 1 dix fois, etc. On aura compris que tous les nombres peuvent être considéré que comme somme du 1 avec lui-même.
Ce phénomène est important dans beaucoup de tradition magique et ésotérique, car si 1 représente le point de départ, il peut également être considéré comme le tout, car in fine tous les nombres sont constitués de ce chiffre. Donc si 1 est la source, le départ de tout nombre mais également le tout car il est la substance même des nombres, il peut être considéré comme le Dieu des nombres, et donc être une image de Dieu (ou de si qui s’en rapproche : Principe, Essence).
« L’un est également le Principe. Non manifesté, c’est de lui que découle cependant toute manifestation et c’est à lui qu’elle revient, son existence éphémère épuisée ; il est le principe actif, le créateur. L’Un est le lieu symbolique de l’être, source et fin de toutes choses, centre cosmique et ontologique. » (Dictionnaire des Symboles, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Éd .Robert Lafont/Jupiter, pg984).
Un est l’étincelle de la création ; le Créateur. Pourquoi ? Parce que l’apparition d'Un entraine l’apparition de ce qui n’est pas un, c’est-à-dire l’autre. Imaginons qu'Un soit une conscience, un esprit, un être. Il lui est possible soit de tourner son attention, sa conscience, en lui soit en dehors de lui. Tant que son attention reste tournée vers lui-même, rien d’autre n’existe, si son attention quitte sa fixation sur lui-même, alors apparaît l’autre, c’est-à-dire ce qui n’est pas l'un.
L’état du Un est expérimenté par les pratiquants lorsqu’ils sont en état d'extase méditative ou en fusion avec l’objet de leur prière. Le pratiquant et son objet d’attention ne font plus qu’un. Dans cet état, il n’y a pas de place pour l’autre, seul l’un, le Moi existe.

 

2

Pour que le 2 puisse exister, il faut que la conscience du Un ne soit plus en Lui mais en dehors, alors il voit un autre Un. Mais est-ce que l'Un qui est perçu en face est lui-même ou un autre Principe ? Cette question est un fondement de nombreuses religions ou philosophies ésotériques. Le deux est diviseur. Il entraine l’apparition d’une chose et de son contraire : le jour et la nuit, le blanc et le noir, le vrai et le faux, etc.
L’apparition du second Un entraine celle du dualisme, de l’opposition, seulement s’il y a une troisième Unité pour les réunir. En effet, pour que les deux unités ou l’Un et l’Autre, puissent interagir, il faut un canal qui puisse les réunir, un milieu propice à l’échange, à la communication (quelle qu’elle soit). Sinon, on a deux Unités distinctes, séparées l’une de l’autre, ignorant même l’existence de l’autre. Chaque unité appartiendrait à un ensemble propre sans interaction, sans prise de conscience de l’autre. On aurait un Blanc et un Blanc. Pour que l’antagonisme ou le dualisme puisse apparaître il faut un regard sur l’autre. Ce regard, cette perception et tous ce qui en découle directement, est la troisième Unité.
Cela peut paraître très abstrait, mais ce processus (Un, Deux et Trois) décrit ce qui se passe lors de l’extase, dans le yoga, la méditation ou les transes. Nous pouvons tous expérimenter cela dans l'orgasme sexuel : au moment de l’orgasme, les deux êtres s’effacent pour laisser place à un fort sentiment de félicité et de plaisir. L’autre disparaît de notre esprit, laissant uniquement la place à l’extase et à sa félicité. Nous expérimentons cet orgasme comme un pic, éphémère. L’extase méditative cherche à prolonger cette extase le plus longtemps possible, permettant ainsi de vivre l’Unité, l’état de l'un le plus possible.

 

3


Le trois (3), appelé ternaire, Trinité, est donc le noyau primaire à toute prise de connaissance, à la réalisation de toute action. Pour qu’il y ait une prise de connaissance, il faut 3 choses : le « Connaissant », celui qui connaît, « l’objet de la connaissance » et la connaissance. Par exemple lorsque j’écris ces lignes il y a moi, l’écrivain, il y a les mots que j’écris et il y a l’écriture. Quand j’ouvre une porte il y a aux minimums 3 choses : moi, la porte, et le mouvement de mon bras.

Ainsi la trinité est le noyau minimum à toute réalisation, c’est pourquoi la Trinité est liée à la manifestation de la vie. Dans l’hindouisme on retrouve Brahmâ, Vishnu et Shiva qui sont respectivement, le Créateur, le préservateur et le destructeur. Ce sont les 3 étapes minimums de vie de toute chose créée.

 


Nous vous rappelons que les différents principes que nous vous donnons ici ne doivent pas être pris comme des dogmes philosophiques ou religieux, ni des vérités absolues auxquelles vous devez adhérer. Ce sont simplement des postulats ou une vision qui nous permettent de fixer le cadre dans lequel les principes et les applications pratiques se définissent. Acceptez-les donc pour l’instant comme des principes pouvant être corrects, comme des hypothèses nécessaires à ce stade et dont vous pourrez ultérieurement estimer la justesse ou non en les confrontant à ce que vous expérimenterez pratiquement.